un petit pas pour l'homme

Le 23 Octobre 2011, la Tunisie a voté. Moi aussi. Rien à dire, c'est un coup de foudre; Et les tunisiens ne finiront pas de surprendre le monde et de se surprendre eux mêmes. Surprendre ceux qui pouvaient croire à une désaffection de ses premières élections. Les séquelles de l'ancien régime auraient pu jouer un rôle dans cette désaffection. J'ai découvert le  stoïcisme des "vieux", s'attardant plusieurs heures sous un soleil de plomb, voulaient se montrer aussi dignes que les jeunes à qui l'on attribue le rôle, à mon sens vrai, de créateurs de révolutions. Jamais une file d'attente n'a généré autant de joie, fierté et d'émotion que celle d'aujourd'hui. J’avais vu ces files à la banque lorsque les employées du textile attendaient pour recevoir leur paie. Il est vrai qu'il y a avait de la joie dans leur yeux mais il n'en rien de la fierté. Cette fierté tout un chacun a pu la ressentir après avoir voté, être sorti de son bureau de vote, le torse tout gonflé, semblant sorti de sa chrysalide.

Pour ma part, j'ai pu également réaliser à quel point il est facile d’aborder le tunisien, bien sûr lorsqu’il n’est pas pris par les gosses, le boulot, le conjoint et la famille. Le gars qu’on a abordé moi et ma femme n’a pas eu beaucoup de difficultés à nous décrire sa fierté et de nous la faire partager. Il est vrai que tout respire l’optimisme, l’ouverture. Même la météo nous a offert une pause soleil. et à voir la tête des gens (je sais que ça frôle le délit de faciès), il est pour moi impensable que toute cette foule que je suis en train de contempler aurait pu choisir autre chose que l’espoir que les jeunes de l’Internet nous avaient administré, la nouvelle vie que les martyrs nous avaient offert.

Un petit pas pour le tunisien, et un grand pas pour la Tunisie. Quel individu, aussi clairvoyant soit-il, prétend ne pas avoir eu des pensées négatives et des frissons à l’idée de voter « à coté » ? Qui peut aujourd’hui avoir la certitude que son vote ne sera pas détourné à son insu. Aucun. Mais, je dirai aussi que c’est une fatalité, car l’apprentissage de la démocratie nous impose ce passage. Nous, Peuple de Tunisie avons rempli notre tâche, celle des politiciens commence maintenant.

Aujourd’hui nous avons pu montrer à ceux qui nous enviaient cette révolution qu’elle devient des plus en plus méritoire. Aujourd’hui aussi nous avons redonné un second souffle aux révolutions qui s’embrasent au Bahreïn, Syrie, en Palestine et en Arabie Saoudite. Et j’en oublie, je suis certain…

Dans quelques années, Je raconterai à ma fille qu’un certain 23 Octobre 2011 à 18h08 j’ai changé le monde.