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Le fabuleux destin d'Imed Trabelsi

Publié le par dard

Que c'est bon d'avoir raison ! Tomber dans l'excès de confiance, je m'en moque. Tomber dans le panneau. l'histoire retiendra que je voyais malheureusement juste 

J’avais prédit que nous Tunisiens, avions une curieuse tendance de ne jamais croire que notre histoire est faite de remakes, que l'on voudrait espérer que ça soit la dernière projection. Mais à faire les mêmes erreurs, on tombe toujours sur les mêmes conséquences.

Hier Imed Trabelsi, que notre imaginaire collectif voyait comme une figure sortie des vieux films à la sauce italo-américaine, avait pour une seconde ou une tierce fois crevé l'écran. Il s'est adressé à nos sens en captivant toute l'attention. Il y avait une certaine magie dans ce qu'il disait, ponctuée parfois de rictus qui démontaient un peu le personnage. Parce que ce n'est plus un mec comme les autres. C’est un personnage quasi Shakespearien. Et ce depuis longtemps, on le savait déjà. Mais comme d'habitude, le tunisien avait la fâcheuse tendance à l'oubli.

Un repenti de la Camorra, ce Monsieur Imed. Mais d'abord, on racontait la naissance d'un caïd. D’un mythe, un rêve américain. Même s'il a orchestré ses dires. On l'avait plutôt guidé pour le faire. On commence par le petit enfant qui va voir ses parents s'éclipser pour que le sort fasse son irruption dans sa vie. Puis viendra le chapitre de l'ascension et de la prise de pouvoir. On balance quelques mentions ou on insinue avoir été poussé par le système. La boucle est bouclée, et le système ne s'arrêtait plus tant que les failles existent. En Tunisie, la grande faille c'est la peur. Après nous, le déluge...Cet homme avait justement crevé l'écran par la forme physique et mentale qui apparaissait sur ses traits, qui semblait être celui d'un gars qui venait de se doucher après une séance de gym. Il semblait être loin de ce que racontait la rue à Tunis, semblait éclairé par une connaissance quasi approfondie des ficelles et techniques du business et des affaires. Loin, très loin de l'image du mec ignare, ignorant, avide d'argent, de chair et de sang. En y repensant, c'est même une raison valable de croire que ses révélations sont trop faciles à débiter, trop faciles à gober.

Et tant bien que mal, l'écrasante majorité du peuple, tout comme moi, était fascinée de connaître enfin les rouages du système Ben Ali-Trabelsi. On dévissait enfin le capot pour en sortir l'engrenage, on voyait comment le cœur arrivait à battre. Jack l'éventreur était éventré. Le cœur du système parle enfin. Car quoique l'on dise, ses révélations avait démasqué les origines du Mal. Le Mal se nourrit des faibles, et s'agrandit des lâches et fait profiter la populace. On a réussi à créer une machine à corrompre tellement efficace que presque tout le monde pouvait y être absorbé dans le tourbillon. Les montages étaient légaux, les experts foisonnaient et les gens ne pouvaient qu'acquiescer, les ministres administraient les familles. Le système mafieux prenait racine. Ce que Imed Trabelsi nous avait offert hier, probablement personne ne pouvait le faire à part lui. En tout cas pour moi, il a mérité sa vie. On attend de voir de ce que l'on fera de la nôtre.

Etait-ce une mise en scène ? est ce qu'il s'est bel et bien repenti ? On se pose dans notre fort intérieur ses questions, sans être capables d'en avoir une réponse franche. Et puis, sommes-nous en train de nous poser les bonnes questions ? Non, parce qu'en premier lieu on n’arrive toujours pas à voir l'être humain qui se cache derrière ce personnage. Et c'est tout à fait normal. En second lieu, si l'on se focalise trop sur Imed, on se passera de l'essentiel. De ce que cachent ses phrases, car plus on avance, plus on oubliera que le système est encore là, devant nos yeux, aussi fringuant et aussi vivant que ses acteurs. On se passera du fait que le Mal s'est nourri de nos peurs pour gangréner notre administration, notre justice, notre économie. Reste à voir que, Imed Trabelsi à travers l'IVD nous a livré les clefs pour ouvrir la boîte de Pandore. Il revient à nous de faire le reste, avant la prochaine mutation du virus...

 

 

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